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Parcours Linda

Je m’appelle Linda. Je suis née à Troyes dans l’Aube, à 1H30 à l’Est de Paris. Mon père est italien, arrivé en France à 19 ans en 1964. Il a aujourd’hui 63 ans, est coiffeur et continue de travailler alors qu’il pourrait déjà être en retraite. Ma mère travaillait dans le textile dans une usine à Troyes. J’ai une sœur et un frère, tous deux plus âgés (11 et 13 ans de plus que moi).

Mon père a toujours rêvé que je devienne coiffeuse. J’aurais ainsi pu obtenir les diplômes qu’il n’a jamais pu passer et nous aurions eu notre salon de coiffure. Quand il a compris que ce métier ne m'intéressait pas, il me souhaitait professeur des écoles… ce que je ne voulais pas non plus faire; mes parents ne connaissaient pas grand chose aux études, mais une chose était sûre, ils voulaient que j’en fasse.
Dès l’école primaire, mes parents me poussaient à être dans les meilleurs élèves à l’école. Le soir, ma

mère contrôlait que mes devoirs étaient faits : pas de devoirs, pas de sorties, ni télévision Ma mère
souhaitait une seule chose : que je n’ai pas la même vie professionnelle qu’elle. Elle avait travaillé toute sa vie comme couturière dans une usine de textile.


J’ai donc toujours été dans le peloton de tête des élèves en primaire et au collège. Je me suis forgée une personnalité au fur et à mesure. Et j’ai vu comment mes parents étaient « traités » au travail ; mes parents faisaient partie de cette génération de Béni Oui Oui. Ils disaient Oui à tout ce que leur
demandaient leurs patrons. Ils ne se rebellaient jamais. Alors que moi, j’apprenais justement à l’école comment argumenter mes idées, comment développer mes idées, comment les exprimer. L’école me permettait en effet de développer des capacités de jugement, de comprendre ce qui était important ou pas et cela m’a donné envie de de continuer et poursuivre mes études..

Lors de ma scolarité, j’ai toujours fait du sport: natation sportive, synchronisée, danse...J’aimais beaucoup, car cela me permettait de pouvoir me dépenser et de partager d’autres expériences avec
d’autres enfants. Mes parents m’avaient aussi inscrite aux cours d’italien pour les enfants d’italiens. Je n’aimais pas aller tous les samedis après midi, j’aurais préféré être avec mes copains et mes copines à jouer dans la rue.

L’école primaire et le collège étaient des voies générales. Il a fallu choisir une orientation en classe de 1ère : économie, scientifique ou littéraire. Les voies scientifiques étaient les voix les plus prestigieuses. J’ai choisi une filière économique. J’ai passé mon Bac à 18 ans et l’ai obtenu avec une mention Assez Bien. Mes parents étaient très fiers…
A l’époque, seulement 20% des enfants d’ouvriers avaient le bac. La suite avait été  un peu plus compliquée, car je ne savais quelles autres études poursuivre. Je souhaitais faire une école de commerce, mais mes parents s’y sont rapidement opposés… l’inscription coûtait 5000 € par an,

pendant 5 ans.

Je me suis donc naturellement orientée vers des études courtes : un IUT Techniques de Commercialisation, je pouvais donc travailler dans une banque ensuite par exemple. Je travaillais parallèlement dans un Mc Donald’s à Troyes, tous mes week-end. Si j’ai choisi de faire des études de 2 ans après le Bac, c’est surtout que je ne me croyais pas capable de faire des études longues, car pour moi, seuls les enfants issus de milieux favorisés pouvaient y accéder.
Ces 2 années d’IUT m’ont beaucoup plues car j’étais baignée dans un début de vie active. J’avais alors 20 ans. J’adorais les langues étrangères et l’IUT proposait des années d’étude à l’étranger, je suis alors partie au Chili… La vie là bas n’était pas très chère. C’est une des plus belles années de ma vie,

j’avais 20 ans et me retrouvais à l’autre bout du monde avec des gens qui n’avaient rien à voir avec nous… le système scolaire était différent, la vie était différente, la culture… je devais m’adapter à un
autre rythme de vie, à une autre langue, à d’autres valeurs : une véritable expérience de vie…

Je suis ensuite rentrée en France et me suis inscrite dans un IUP, au Havre. Le retour a été dur car j’avais vécu un an au soleil et je me retrouvais seule en normandie… J’ai fait une licence et une maîtrise

de commerce et vente international. J’ai travaillé pendant mes études, dans une banque, tous les samedis, de manière à aider mes parents à m’assumer. Ils trouvaient le temps long. Mon père ne savait pas trop ce que j’étudiais d’ailleurs. Je suis partie 6 mois en stage en Italie, à nouveau, j’avais trouvé des financements via ma région, je me rappelle j’avais dû monter un dossier d’une dizaine de pages. Et puis, javais négocié une prime pendant mon stage. J’ai compris que tout se négociait… si je n’avais
rien demandé, je n’aurais rien eu.


J’ai ensuite fait une 5ème année d’étude : un DESS Franco Américain des Affaires Internationales. J’ai adoré cette année d’étude, je devais lire et apprendre tous les soirs ; les cours étaient intéressants, nous devions participer, faire des exposés en groupe. Mes expériences à l’étranger m’ont beaucoup aidée à
travailler en équipe et à être à l’écoute des autres.


Je devais valider cette année par un stage de trois mois en entreprise. J’avais décidé de trouver un CDI et de le faire passer pour un stage. Ainsi je n’étais plus à la charge de mes parents et pouvais donc m’assumer. J’ai trouvé un poste de commerciale dans une société informatique ; je n’utilisais malheureusement pas mes langues mais cela me permettait de commencer ma vie professionnelle.


Un cabinet de recrutement m’a ensuite appelée pour travailler en tant que commerciale pour l’Espagne et l ‘Italie. Je travaille maintenant chez Oracle, une société américaine, dans laquelle je suis commerciale pour DELL.


En conclusion, je souhaiterais insister sur le fait que notre système scolaire aujourd’hui nous permet, à chacun d’entre nous, de faire des études et c’est le véritable passeport pour faire de notre vie ce que l’on choisit. Tout devient accessible quand on se donne les moyens.